Le carnet des petits riens

Il y a des habitudes que j’aimerais ne pas avoir. Par exemple, celle de savoir à quelle heure aller au laboratoire d’analyses pour ne pas attendre trop longtemps. Ou celle de connaître à l’avance le fait que la dame me dira gentiment qu’elle fait passer mes analyses en urgence, avec un petit coup d’oeil complice et compatissant. Il y a aussi l’habitude d’avoir le numéro du labo qui s’affiche sur mon téléphone, alors que je n’ai pas reçu les résultats. Ils m’appellent toujours pour m’annoncer la mauvaise nouvelle de vive voix, un peu comme si c’était plus facile, peut être pour eux, ou pour moi, je ne sais pas.

C’est idiot, on a beau savoir qu’on a une pathologie, qu’on a beaucoup plus de « chances » que les autres femmes de faire une fausse couche, on a toujours une lueur d’espoir. Cette fois-ci, mon espoir a été bref. Terminé, finito, en quelques jours, au moins ça ne sera pas les 3 mois de la toute première fois. On est presque habitué au malheur, on pleure une bonne fois pour toute, on sèche ses larmes et on repart, parce qu’il y a des dîners à préparer, des legos à ranger, du travail à finir. Et heureusement d’ailleurs. J’ai cette chance là. 5 grossesses, 2 enfants, heureusement elles sont là au quotidien pour mettre des bulles de joie quand on ressent une infinie tristesse, une immense injustice.

Une amie m’a récemment envoyé un article sur le ressenti d’une femme sur sa propre infertilité et suite à cet article, j’ai commencé un carnet. Chaque jour, j’y note ce qui me rend heureuse, un carnet des petits riens. Je me suis rendue compte que chaque jour, même le plus mauvais possible, est toujours égayé d’une lueur de joie: nos filles qui nous rejoignent dans notre lit le matin en se pelotonnant comme des petits chats, la bonne bouteille de vin achetée chez le caviste du quartier qu’on savourera entre copains, la petite chemise beaucoup trop chère pour laquelle on craque lors d’une virée shopping entre copines, un coin de ciel bleu alors qu’on pédale dans la plus belle ville du monde…

Alors, je crois que c’est ça finalement, le plus important. Les petites choses, ces 3 fois rien qui font qu’à chaque test positif, même si je sais que le plus dur est devant moi, j’espère. Peut-être qu’un jour, j’arrêterai d’espérer dans le vide.

Je n’avais pas tellement d’inspiration pour illustrer ce billet, alors j’ai cherché un élément de ces derniers mois qui m’avait donner du bonheur. J’ai repensé à mes pieds dans le sable brûlant du Colorado provençal, et cela m’a fait chaud au coeur.

7 Comments

  1. PerrucheG 20 octobre 2017

    Je t’embrasse fort fort fort, à défaut de trouver les mots justes.

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  2. Luiza 20 octobre 2017

    Trop dur de trouver les bons mots … mais tu le sais, je pense à toi … et si un jour tu veux … en dehors d’évent…un verre, un café …dis le moi.
    je t’embrasse

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  3. Les Petites M 20 octobre 2017

    Tes mots sont justes. chauqe jour il y a de la chaleur quelque part comme sur cette photo.
    C’est une habitude à prendre, de voir le positif et ça devient naturel même avec les enfants…. quand ils rentrent de l’école et se plaignent de leur journée, leur demander ce qui a été bien dans la journée 🙂
    Pour l’espoir, voir le positif va apporter du positif.
    Je te le souhaite.
    Bises
    Marion

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  4. Fred Ouistiti 20 octobre 2017

    Il faut qu’on se voit pour que tu puisses remplir une page de ton petit carnet avec le café et les papotages qu’on aura partagé ❤️❤️❤️

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  5. Laeti 20 octobre 2017

    Merveilleusement bien écrit !

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  6. Marjoliemaman 20 octobre 2017

    Je t’embrasse bien fort.

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  7. Lou 7 novembre 2017

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