A chacun de mes accouchements, je ne me suis pas mis bille en tête sur la manière dont celui-ci devait se passer. J’ai tout au plus imaginé et même verbalisé la manière dont je souhaitais qu’il se passe, tout en restant consciente que mes souhaits pouvaient différer de la réalité. Et de fait, j’ai eu 3 accouchements bien différents: un déclenchement pour diminution des mouvements foetaux, un travail spontané après un décollement des membranes et une césarienne en urgence après une rupture de la poche des eaux spontanée !
La césarienne n’a jamais été une option que j’ai souhaitée mais je l’ai toujours envisagée comme une possibilité, après tout on ne sait pas tellement comment un accouchement va se passer. Avant de vivre la césarienne, j’avais une opinion moins tranchée sur la césarienne dite de confort ou de convenance, celle que les femmes choisissent d’avoir. Aujourd’hui, après avoir vécu la césarienne, je peux dire que je suis résolument contre, ou en tout cas, qu’on fait miroiter aux femmes choisissant cette option une réalité qui est totalement biaisée.
Une opération lourde
D’abord parce que la césarienne, comme les infirmières et sages-femmes m’ont souvent dit ici, reste une intervention chirurgicale lourde. On ouvre le ventre, on pousse les muscles, on incise le péritoine, l’uterus… on recoud tout ça. Il faut en faire de la place pour faire sortir un petit être de plus de 3,6kg. Et puis l’anesthésie est évidemment forte, pour que la mère ne sente pas la douleur, dieu merci. L’intervention est parfois préventive, comme dans mon cas, avec un bébé en siège qui supportait très mal les contractions, parfois un cas d’urgence absolue, mais pourquoi faire supporter une intervention chirurgicale lourde avec les risques qui vont avec à une personne qui n’en aurait pas besoin? Les risques sont bel et bien présents puisque j’ai d’ailleurs dû suivre un traitement de 6 semaines afin d’écarter tout danger de thrombose (et croyez-moi, 6 semaines de piqures quotidiennes et de bas de contention H24, c’est vraiment pénible).
Une douleur qu’on sous-estime
En tant qu’intervention lourde, la césarienne est douloureuse, voire TRES douloureuse. J’ai accouché 3 fois. J’ai eu une péridurale parfaite pour ma première, une très mal faite et inefficace pour ma deuxième et une césarienne. Je n’ai jamais eu aussi mal que les deuxième et troisième jours suivant l’intervention (le premier jour étant assez peu douloureux puisque l’anesthésie fait toujours effet). Pendant plus d’une semaine, j’ai dû compter sur mon mari pour m’aider à sortir du lit. Dieu bénisse le cododo car il aurait été impossible de me lever en pleine nuit pour allaiter ma fille. J’ai eu beaucoup beaucoup plus mal avec une césarienne qu’en accouchant par voie basse donc. Et j’ai évidemment eu mal plus longtemps. J’ai accouché il y a 3 mois et j’ai toujours lié des douleurs à ma césarienne, même si évidemment elles restent minimes, ainsi qu’une insensibilité relative de la zone opérée. A titre de comparaison, je me souviens être rentrée de la maternité à pied pour ma deuxième fille environ 36 heures après sa naissance (environ 1,5km donc) tandis que je suis sortie au bout de 24 heures pour ma troisième et pouvait à peine marcher une cinquantaine de mètres en étant courbée comme une mamie. Pourquoi faire croire aux femmes que cette intervention est « confortable » alors qu’elle est au contraire une souffrance sur le long terme, surtout si elle n’est pas nécessaire?
Un accouchement qui nie les réalités biologiques
L’argument qui m’énerve le plus je dois dire est qu’au final, la césarienne est l’accouchement de la femme moderne. On se souvient tous de Rachida Dati, debout sur ses talons quelques jours après sa césarienne programmée. Comme si au final, la femme moderne devait sacrifier sa maternité et ce temps béni de la grossesse et du post-partum à sa carrière, qui fait d’elle l’égale de l’homme. A mon sens se respecter, et ainsi respecter aussi son enfant à venir, c’est aussi le laisser venir quand il le veut (et oui, je trouve ça beaucoup plus joli de laisser le bébé « choisir » sa date), quand sa biologie (et celle de notre corps de mère) est prête au monde extérieur. Je crois au contraire, que la femme moderne devrait être capable de s’écouter, d’écouter son bébé et de refuser une intervention du corps médical sur son être si elle n’est pas nécessaire.