La grossesse d’après: être enceinte après les fausses couches

Je ne sais pas si les journées mondiales servent à quelque chose. En tout cas, j’avais lu sur les réseaux sociaux que le 15 octobre était la journée mondiale de sensibilisation au deuil périnatal; en même temps d’ailleurs que la journée internationale des fossiles ou la journée mondiale du lavage des mains…  A vrai dire, je ne me sens pas excessivement concernée par cette journée. Si j’ai bien fait 4 fausses couches, je n’ai pas vraiment le sentiment d’avoir vécu des deuils périnataux. Un deuil pour moi, c’est de perdre un « vrai » bébé et même si deuil d’une grossesse il y a au moment de la fausse couche, je n’ai pas, je crois, eu de deuil d’un enfant existant ou imaginé à faire. Cependant, je ne peux pas le nier, ces épreuves m’ont impactée et ont de conséquences sérieuses à mon sens sur ma façon de vivre cette dernière grossesse.

L’angoisse de la fausse couche

J’ai tout d’abord passé littéralement les 3 premiers mois à m’attendre à faire une fausse couche. A tel point que chaque examen, chaque échographie, était une épreuve et ce dès la veille. Je m’attendais à chaque fois à ce qu’on me dise que le coeur de mon embryon était arrêté. J’ai revécu ce moment avant ma 2ème échographie officielle en août, où je m’attendais presque à ce qu’on m’annonce une malformation ou une maladie grave. J’ai passé les 4 premiers mois à utiliser un doppler foetal quotidiennement pour me rassurer. J’ai scruté le moindre changement de symptômes, j’ai googlé à n’en plus finir toutes les complications possible et  j’ai cru sentir le sol s’ouvrir sous mes pieds le jour où j’ai fini aux urgences avec un décollement du placenta.

Je ne suis pas angoissée de nature et pourtant, cette grossesse m’a causé tellement de maux d’estomac et d’insomnie que je ne peux pas la qualifier de sereine.

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La difficulté à se sentir légitimement enceinte

Je parle pourtant de celle-ci ici, je vous montre mon ventre sur Instagram, mais cela ne change pas le fait de ne pas me sentir vraiment enceinte. Je n’arrive pas à demander une place dans les transports, j’en parle difficilement quand on me pose des questions, je les balaie en général d’une parole. J’ai dû mal à me projeter dans cette grossesse, dans un accouchement et encore moins dans le fait d’être capable de ramener à la maison un petit bébé en bonne santé. J’ai acheté la semaine dernière un petit lit d’occasion, j’ai commencé une liste de naissance, j’ai finalement acheté un jean de grossesse neuf (celui que j’avais commençais à être petit), ce sont de petits pas pour moi que je fais sans réelle envie. J’ai vraiment du mal à apprécier, savourer la grossesse, comme si le fait d’y trouver une quelconque joie allait apporter le malheur.

Le paradoxe, entre envie de voir la fin et goût de trop peu

Je guette le moindre coup de pied et je peste un peu devant ce système de santé anglais, beaucoup plus cool sur le suivi de grossesse, qui ne me permet pas d’avoir de 3ème échographie (sauf à prendre rendez-vous dans le privé et à payer de ma poche, ce que j’envisage sérieusement…).

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C’est paradoxal, n’est-ce pas, d’avoir voulu si fort un 3ème enfant et d’être enceinte sans pouvoir apprécier le fait de l’être? D’ailleurs, cette grossesse est de loin la plus dure physiquement, avec beaucoup de douleurs et de symptômes… sont-ils réels ou bien le résultat d’une saumatisation de mes angoisses?

Ce qui est encore plus paradoxal, c’est d’apprécier ces petits coups de pied, de se dire que ça sera la dernière fois (puisqu’il n’y aura pas de grossesse suivante), être presque nostalgique d’avance mais aussi avoir hâte que cela finisse, de tenir son bébé dans ses bras et de respirer… peut-être, enfin !

4 Comments

  1. Hermen 21 octobre 2018

    4 fausses couches aussi pour moi et la grossesse pour bb1 très très angoissante. Bb1 en super forme. 2 ans 1/2 plus tard, bb2 complètement inattendue et grossesse beaucoup plus sereine

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    • Cécile 22 novembre 2018

      génial pour BB2 ! 4 fausses couches, on se serait bien passées de ce point commun en tout cas !

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  2. […] sont complets dès que les femmes sont à peine enceintes, à croire que personne ne fait de fausse couche ici […]

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  3. Encolere 15 mai 2019

    Dire qu’une fausse couche n’est pas la perte d’un bébé c’est un discours d’une personne qui a déjà des enfants et qui a « fait une fausse couche » et la voit comme un accident de parcours. C’est honteux et degeulasse. Si tu connaissais mon histoire, tu en aurais des frissons. Je hais ces personnes qui ne se mettent pas à la place des autres. Une fausse couche est une vraie perte ! Un deuil. De l’enfant qui serait né, des projets et des rêves qu’on avaient pour « lui ». Ces phrases accentuent encore plus le sentiment de honte qu’on a nous, les femmes qui ont fait plusieurs fausse couche. On a honte de ne pas être comme toutes les femmes, qu’on ne peut pas donner la vie. Le pire c’est que la plupart du temps, on peut tomber enceinte, et d’ailleurs on est souvent plus tôt très fertiles. Mais la grossesse ne tient pas. Et ça c’est une honte. On est en colère. Car on a tellement mis d’espoirs, d’attentes, de désirs dans cette grossesse qu’on a de l’amour à n’en plus finir pour ce futur bébé qui s’accrochera cette fois. On le mérite. Et parce que lorsqu’on est dans notre situation. Même un bébé nous suffit. Juste un bébé, une moitié de mon amour et de moi. Et ben non, la vie, Dieu, le hasard, le destin nous a priver de ce droit.

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