Il y a quelques jours, je discutais avec ma copine Maman de Ouistiti. Après une énième annonce de grossesse d’une connaissance, je lui partageais ma frustration. Pas celle de ne pas être enceinte, non. Celle de revivre à travers les annonces des autres mon propre échec. Cette fausse couche, les 6 mois d’enfer qui ont suivi, avec environ toutes les complications possibles et plein de mots compte triple digne d’un scrabble gynécologique: rétention trophoblastique, hémorragie, synéchies utérines, hystéroscopie…
ça pourrait être presque drôle si chaque jour ne me rappelait pas à mon sort de mauvaise mère, celle qui n’a pas su donner la vie. Ce qui est étrange, c’est que j’ai du mal à me rappeler dans ces moments-là que j’ai 2 splendides petites filles et qu’elles sont mes plus belles réussites. Je ne vois que l’échec monumental, le FAIL absolu, celui de ne pas avoir réussi cette grossesse là et les séquelles aussi bien physiques que psychologiques qu’elle m’aura laissées. Et puis ma copine elle m’a dit quelque chose de très vrai: « tu sais, celles qui arrivent en parlent, celles qui n’y arrivent pas n’en parlent pas autant ».
Alors, moi, je me suis dit que je devrais en parler. J’en ai d’ailleurs parlé ici, à plusieurs reprises, mais j’ai en tout cas essayer de garder une certaine réserve, une pudeur. J’ai déjà suffisamment étalé ma dignité et mon anatomie devant les médecins, j’aimerais bien que mes lectrices ne me voient pas toute nue non plus.
Pourtant, je le sais, dans mes lectrices, il y a aussi celles qui, comme moi, n’y arrivent pas. Celles qui sont tombées enceintes et qui ont perdu ce qu’on veut leur faire croire, était juste un petit amas de cellules, ou même un vrai bébé, en passant par la case maternité et en sortant le ventre et les bras vides. Il y a aussi celles, et j’en ai dans mon entourage, qui n’y arrivent pas du tout, celles qui subissent les traitements, celles qui ont la gorge nouée quand on leur dit que la cousine de bidule est enceinte et que tu te rends compte, c’est son 3ème en 5 ans c’est pas possible une telle fertilité.
Toutes ces filles qui me lisent, en silence, en commentant, en m’envoyant des mails ou des MPs, je voudrais leur dire qu’elles ne sont pas si seules. Qu’il y a aussi autour d’elles d’autres filles, d’autres femmes, dans leur cas. Qu’il est aussi difficile pour nous de voir les ventres autour de nous s’arrondir, que nous aussi on aimerait ne plus pouvoir boire un petit verre de vin ou manger une tranche de saucisson pour la bonne cause. Qu’on en viendrait à envier les nuits pourries, les couches explosives et les vergetures. Et puis, peut-être qu’un jour, on aura, pour la première ou la troisième fois, tout ça. Que dans un moment de fatigue, en regardant nos cernes bleues, la queue de cheval de travers et le tee-shirt maculé de vomi, on sourira en repensant à ces instants, ceux où, le ventre vide, on maudissait celles qui réussissaient là où nous, on échouait tous les mois.
la photo n’a pas vraiment de lien, mais je me suis dit qu’il n’y avait pas de meilleure idée que de montrer le printemps pour illustrer l’espoir et le renouveau.
❤️❤️❤️
mais tellement… Pour les bonnes nouvelles, ça se diffuse largement. Les moins bonnes restent dans l’intimité et font très mal.
Bon courage à toi et ton mari, accrochez-vous.
Bises
Marion
Moi avec ce titre, j’ai cru que tu allais parler de celles qui n’arrivent pas à gérer leurs enfants, à ne pas crier, à être bienveillant (moi quoi) et puis non. Et tant mieux.
Merci de me rappeler qu’avoir des enfants n’est pas une évidence et que j’ai beaucoup de chance.
Quel joli billet qui donne de l’espoir je trouve !
Après ma fausse couche j’avais l’impression de ne voir que des femmes enceintes, partout. Plein plein de courage à toi <3