Il est tard et je la regarde s’endormir, petit ange, à côté de moi dans mon lit. J’écoute chacune des gouttes de pluie frapper les carreaux des fenêtres et j’ai le sentiment que toutes pleurent avec moi et et rendent un peu plus lourd le fardeau de la culpabilité.
Ce soir, tu avais fait une grosse bêtise. Tu étais fatiguée, j’étais excédée, après une journée enfermée, emprisonnée par ce temps de Toussaint. Je t’ai pris par le poignet pour t’emmener sur la marche réfléchir à ton attitude. Tu ne voulais pas, petite fille déterminée. Tu t’es laissée tomber de tout ton poids et ton bras n’a pas pu supporter tes 15 kg. Crac.
Ma fille est née en août 2012. Quand je me suis préparée à sa venue au monde, j’ai dit oui à l’allaitement. Sans conviction, ni volonté particulière, juste peut-être celle d’essayer de lui donner le meilleur de moi-même. Je ne connaissais rien en la matière. Je n’ai jamais vu de femme allaitante dans mon entourage proche. Rétrospectivement, c’est peut-être ce défi qui m’a poussé, ça et le personnel de ma maternité.
Quand j’étais enceinte de Moutarde, j’ai effectué tout mon suivi avec des sages-femmes, dans ma maternité. Quand ma fille est née, j’ai été « accouchée » par 2 sages-femmes. Aujourd’hui, enceinte de mon second enfant, j’ai choisi d’être suivie par une seule et unique sage-femme, attachée à ma maternité, dans son cabine. Ce n’est pourtant pas une profession que je connais très bien. Je ne l’ai jamais envisagée pour moi, je n’ai pas d’amies qui l’exerce. Pourtant, le peu de choses que je lis dans la presse, ou sur internet, sur leur combat actuel, me fait ressentir un profond sentiment d’injustice.