3 petits mots qu’on ne remarque même plus, là-haut sur le porche de l’école ou de la mairie. Une devise, notre identité qui nous semble si acquise. Quand l’horreur, l’impensable nous frappe par 2 fois en moins d’un an, on se dit que ces 3 petits mots se transformeront peut-être en une lutte du quotidien pour nos enfants.
Je n’ai pas envie de vivre la peur au ventre mais je ne peux que constater que j’ai peur. J’ai 2 enfants en bas âge, je ne veux pas les priver d’une mère, ni m’empêcher de les voir grandir parce qu’un soir je suis sortie dans un endroit où il ne fallait pas. J’ai du mal à ne pas sursauter quand j’entends un bruit un peu trop fort dans la rue, à ne pas regarder les gens qui passent et me demander s’ils cachent une ceinture d’explosifs sous leur manteau. Pourtant je sais que dans quelques jours, j’irai mieux et j’oublierai.
Je n’oublierai pas les visages de Marie, Lola ou Quentin. J’oublierai certainement leurs noms, mais ces photos, que j’ai diffusées comme tant d’autres sur les réseaux, resteront toujours présentes. Parce que j’ai espéré pour eux, j’ai prié pour eux. Parce que quand on a annoncé leur décès, j’avais perdu mes amis, mes cousins, mes potes. Ils étaient innocents comme des enfants, coupables d’être sur le chemin des barbares.
J’ai dû expliquer cela à mes filles, parce que je sais très bien qu’elles ressentent mon infinie tristesse, parce qu’elles entendent nos discussions, parce que Moutarde m’a demandée pourquoi j’étais en colère. Je lui ai simplement dit que ce n’était pas de sa faute, que des gens très méchants avaient fait du mal à d’autres gens et que la Police allait les arrêter, qu’on allait les mettre en prison pour qu’ils ne fassent plus de mal à personne. Je crois qu’elle a compris qu’il se passait quelque chose de grave mais j’espère plus que jamais que nous, adultes, nous saurons leur construire un monde où leur pureté et leur innocence seront préservées.
Demain, le blog reprendra ses publications « normales » parce que, même si au quotidien on a le droit d’avoir peur, la vie continue. Pour Marie, Lola, Véronique, Mathias, Quentin, Guillaume et tous les autres.
j’ai écrit moi aussi pour évacuer tout ça deux articles qui reprennent les mêmes idées que toi…. je pense qu’en tant que parent on ne peut s’empêcher de ressentir une profonde peur pour l’avenir et la vie de nos enfants. Et puis nous, comment risquer sa vie au nom du fait qu’il faut continuer à vivre…..je n’ai pas encore de réponse à cette question…
bizzz
quand je regarde les photos des disparus, je ne peux m’empêcher d’y retrouver le symbole de notre génération : des jeunes gens intéressants, éduqués, ouverts… avec un avenir.