Le Reflux Gastro-Oesophagien, si on en parlait?

RGO-table-rondeLa semaine dernière, j’ai été invitée par Parole de Mamans à participer à une table ronde sur le RGO.

Si j’ai la chance d’avoir eu une Moutarde qui n’a pas souffert de ce type de souci, je fais partie des femmes enceintes touchées par ce désagrément  dont les causes sont multiples et qui peut concerner l’ensemble de la population.

Lors de cette table ronde, nous avons pu échanger avec des professionnels de santé  et notamment un médecin qui a pu répondre à nos nombreuses questions sur le sujet. L’occasion pour moi de vous faire un petit compte-rendu !

Le RGO, c’est quoi?

Le RGO ou Reflux-Gastro-Oesophagien est un désagrément commun et plutôt bénin même s’il n’en est pas moins très désagréable voire douloureux. En gros, l’estomac possède un sphincter qui empêche le contenu alimentaire de remonter dans l’oesophage. Parfois, ce sphincter ne joue pas son rôle de « bouchon » et le contenu de l’estomac, rendu très acides par le processus de digestion, remonte le long de l’oesophage, qui n’est pas prévu pour supporter une telle acidité.

Qui est concerné par le RGO?

Comme je le disais plus haut, nous sommes tous susceptibles de l’être à un moment ou à un autre de notre vie. Les bébés sont souvent les plus concernés car le RGO est normal chez un nouveau-né et jusqu’à l’âge de 9 mois environ. Il est le résultat d’une immaturité du sphincter de l’estomac et n’a donc pas de caractère pathologique. Néanmoins, on différencie le RGO physiologique du RGO pathologique, dont je parlerai un peu plus tard.

Les femmes enceintes sont également souvent concernées, notamment au 3ème trimestre de la grossesse. La pression liée à la croissance de l’utérus qui appuie sur l’estomac rend le sphincter moins étanche et provoque très fréquemment des maux d’estomac.

Enfin, le reste de la population peut l’être également. Les facteurs sont multiples: surpoids, stress, ou même tout simplement certains aliments trop gras ou acides (pour moi c’est la tomate), nous sommes tous susceptibles de souffrir de RGO !

Quelle est la différence entre le RGO physiologique et pathologique chez les bébés? 

Le médecin a bien insisté là-dessus: les bébés ont TOUS un RGO physiologique (vous savez ce petit crachat de lait post-tétée), plus ou moins prononcé et plus ou moins grave. C’est un « problème » normal car lié à l’immaturité du sphincter de leur estomac, qui passe tout seul souvent lors de la diversification (nourriture plus épaisse et début de la verticalisation) et au plus tard en général vers 9 mois. Toutefois, certains bébés ont un RGO pathologique, cela concerne plus fréquemment les garçons et seulement entre 3 et 5% des bébés.

Le RGO pathologique se caractérise par une durée plus longue du trouble, des volumes de régurgitations très importants et surtout, un comportement de l’enfant très affecté: le bébé associe alimentation et douleur. Il refusera de se nourrir, pleurera beaucoup après les repas en raison de la douleur. Le reflux pathologique peut durer jusqu’à 18 mois voire jusqu’à 2 ans et nécessite une rapide prise en charge médicale.

Le RGO chez les bébés peut-il avoir des conséquences en grandissant?

Dans l’immense majorité des cas, NON. Certains formes très graves peuvent entraîner des pathologies au niveau de l’oesophage mais le médecin présent nous a beaucoup rassuré car il nous a dit ne jamais en avoir vu lors de sa carrière. Cela reste donc des cas extrêmement graves et qui sont donc en général pris en charge très rapidement.

Cependant, on sait que les personnes souffrant de RGO développent des formes de « faux » asthmes qu’on n’explique assez mal. Les bébés à RGO développent également un peu plus d’otites. Là encore, il n’y a pas de réelles preuves scientifiques pour l’instant, il est donc inutile de s’affoler pour un bébé qui a un RGO, même pathologique.

A noter que le RGO n’a pas de caractère héréditaire ! inutile de croire que parce que vous avez souffert d’un RGO bébé, ou que votre premier enfant en a eu un, que votre petit deuxième en souffrira forcément !

Quelles astuces peuvent minimiser le RGO? 

Le « traitement » non médicamenteux est le même pour tous:

Repérer les aliments qui favorisent le RGO: Pour les bébés allaités par exemple, cela signifie repérer certains aliments ingérés par la maman qui favorisent ce problème (par exemple le poivron qui est souvent incriminé). Pour les bébés nourris au biberon, un lait épaissi peut aussi être une solution, cependant le lait de maman étant moins gras que le lait de vache, il est moins susceptible de favoriser le RGO.

Eviter la position couchée: pour les bébés, on peut utiliser un plan incliné ou surélever les pieds du lit côté tête. Certaines mamans présentes ont notamment parlé de leur expérience très positive avec le cocoonababy qui limitait beaucoup le reflux. Je ne peux pas témoigner personnellement, n’ayant pas testé ce produit. Cependant, je sais que Moutarde a toujours dormi légèrement inclinée, soit avec une serviette de toilette sous le matelas (à l’époque où elle était en berceau) et maintenant avec un plan incliné sous son matelas. De même, on évitera de coucher le bébé immédiatement après ses repas. Pour les bébés allaités, il faudra aussi éviter les positions trop couchées pendant et après la tétée.

Et si tout cela ne suffit pas, quels sont les traitements? 

Autrefois, le traitement majeur consistait en des médicaments qui « compensaient » l’acidité de l’estomac. Depuis environ 25 ans, un nouveau type de médicaments est apparu sur le marché: les inhibiteurs de la pompe à protons ou IPP dont le Mopralpro fait partie. Derrière ce nom barbare, se cache des médicaments qui ont notamment révolutionné le traitement des ulcères de l’estomac. Ils agissent sur une durée de 24 heures et supprime l’acidité de l’estomac. Les remontées ne sont donc plus acides et donc plus douloureuses du tout. Le traitement n’est pas contraignant puisqu’il consiste en 1 comprimé par 24 heures ! Mieux, il est efficace et disponible pour tous, y compris femmes enceintes et bébés.

Merci à Parole de Mamans pour cette matinée très enrichissante ! n’hésitez pas à me laisser vos questions en commentaire, cet article étant une synthèse de nos échanges, il y a peut-être des éléments qui vous intéressent auxquels je peux répondre !

9 Comments

  1. Petite-Mam 23 janvier 2014

    Oh la la comme ton article me parle, j’en ai souffert durant mes deux grossesses, et encore maintenant parfois. Pour mes enfants je ne sais pas s’ils en souffrent, quand ils sont bébé ce n’est pas évident. :/ Merci pour cet article.

    Répondre
    • Cécile 23 janvier 2014

      j’en souffre aussi et c’est franchement désagréable voire douloureux… je n’imagine mm pas sur un bébé !

      Répondre
  2. celine 23 janvier 2014

    je voudrais juste nuancé votre paragraphe sur le RGO pathologique. Un reflux ne se voit pas toujours. Pour preuve, ma fille (et d’autres enfants de ma connaissance) qui a été embêtée jusqu’à ses 4 ans et dont le reflux ne s’est jamais vu d’où une très grande errance médicale. Aucune régurgitation mais une petite fille très douloureuse dès sa naissance. Ce fut un calvaire pour elle et pour nous. Elle ne dormait jamais allongée, toujours dans les bras, se réveillait de nombreuses fois la nuit, pleurait énormément de douleurs, notre allaitement qui a capoté à cause de ce reflux qui provoque des œsophagites à répétition. Heureusement une petite minorité d’enfants est atteinte à ce point là et sa chance fut enfin les IPP quand les spécialistes ont bien voulu nous les prescrire. Une vraie lutte s’engage aussi contre les médecins qui ne comprennent pas et ne voient pas la douleur de nos enfants nous répondant « mais vous savez madame un bébé ça pleure!! ». Il ne faut pas oublier d’écouter nos enfants et notre ressenti vis à vis d’eux pour ne pas se laisser influencer par les médecins.

    Répondre
    • Cécile 23 janvier 2014

      dur dur j’imagine :/ il me semble que ce type de RGO se voit avec des examens type radio… mais encore faut-il que le médecin daigne les prescrire ! C’est dingue de devoir voir souffrir autant un enfant avant qu’on lui prescrire un IPP alors que ce sont des médicaments plutôt bégnins…

      Répondre
  3. annamoon75 23 janvier 2014

    Merci pour cet article détaillé. Je ne sais pas si vous en avez parlé lors de la table ronde mais certains reflux ne se voient pas, restent interne. Super difficile de faire un diagnostique du coup.
    Bises
    AnnaMoon

    Répondre
    • Cécile 23 janvier 2014

      apparemment ça se voit à la radio (mais encore faut-il que le médecin fasse faire les examens)…

      Répondre
  4. chroniquesdemaman 23 janvier 2014

    Assez complet cet article. Maman d’un bébé avec un RGO pathologique très handicapant, je nuance juste l’info selon laquelle un tel RGO peu durer jusqu’à 18 mois ou 2 ans. En réalité, cela peut durer bien plus longtemps. Ici, notre bonhomme à 28 mois et sans ces traitements, il serait incapable de s’alimenter.
    Pour finir, trop de pédiatres sous-estiment encore le calvaire des enfants (et parents) souffrant de RGO pathologique, surtout lorsqu’il s’agit d’un RGO interne, et hésitent à les soulager avec un traitement adapté. Ceci dit, cette rencontre devait être passionnante. Merci pour le compte-rendu.

    Répondre
    • Cécile 23 janvier 2014

      oui c’est une moyenne, il y a malheureusement des cas particuliers :/ je crois que les pédiatres (surtout de l’ancienne école) minimisent assez souvent la souffrance des enfants en général…

      Répondre
  5. […] j’ai résumé pour le Mari la journée passée au Trianon Palace de Versailles. A la suite de notre table ronde sur le RGO, les blogueuses présentes étaient conviées à oublier le quotidien quelques heures en se […]

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.